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Vous comprendrez que les noms ont
été changés et que tout n’est pas dit. Le but premier de
ces pages est de vous transmettre un peu de mon expérience et de mon bonheur à orienter les enfants.
Pierrette Anne Boucher
Fondatrice de l'approche relationnelle SPA |
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« Je veux devenir
vétérinaire des araignées. » |
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Jérémy, 8 ans
Depuis plusieurs mois, Jérémy est très triste. À
l’école, il est en train de perdre ses amis… Il fait
rire de lui.
Depuis sa maternelle, Jérémy répète qu’il veut devenir
vétérinaire des araignées. Il y tient absolument. Rien à
faire pour lui faire dire autre chose… Même à la maison
quand ses parents lui expliquent que soigner les
araignées c’est impossible, il se fâche. Les crises se
multiplient dernièrement. Il pleure beaucoup…
Cette histoire des araignées à pris beaucoup de place et
est en train d’abîmer plusieurs choses, dont son estime
de lui.
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Place à Jérémy
- »» Jérémy et moi
-
À voir les yeux de Jérémy, j’observe tout de suite
son côté discret et réservé. Le regard qu’il me
jette dès son arrivée m’indique son inquiétude…
Invité, par ses parents, à s’exprimer, il plonge
tout de suite au cœur du sujet.
Jérémy : Je veux des trucs, parce que
partout on pense que je suis fou. On rit de moi. Mes
amis à l’école, tout le monde se moque.
Pab : Est-ce que les adultes rient de toi
?
Jérémy : Pas vraiment. Mais ils disent que
je dis des niaiseries.
Pab : Ah oui ? Quelles sortes de
niaiseries ?
Jérémy : C’est toujours la même que je
dis.
Pab : Toi, tu trouves que c’est une
niaiserie ?
Jérémy : Non, je sais que ce n’est pas une
niaiserie parce que je vais être capable de le
faire.
Pab : Alors, qu’est-ce que tu vas être
capable de faire ?
Jérémy : De soigner les araignées. Être
vétérinaire, j’ai le droit. Être vétérinaire, des
araignées quand je vais être grand, j’ai le droit
aussi.
(Le ton de Jérémy se durcit)
Pab : Être vétérinaire, ça semble un but
très important pour toi. Soigner les araignées
semble plus important encore…
Jérémy : Oui. Depuis la maternelle, je
veux être vétérinaire.
Pab : Uniquement des araignées ?
Jérémy : Non… Mais les araignées sont mes
préférées.
(Silence)
Pab : Tu as sûrement une bonne raison de
vouloir soigner spécialement les araignées.
Jérémy : Oui… (soupir) Parce que personne
ne les aime.
Pab : Et toi, tu veux prendre soin de ceux
qui sont abandonnés ?
(Silence)
Jérémy : Non, pas des abandonnés. Mais de
ceux qu’on n’aime pas.
Pab : De ceux qu’on rejette ? De ceux
qu’on ne comprend pas ?
Jérémy : Oui
Pab : Est-ce que toi, tu te sens comme les
araignées ?
Jérémy : Oui. À l’école on ne m’aime pas.
Personne ne veut jouer avec moi… Avant, j’avais un
ami. Mon meilleur ami, Jonathan. Depuis la
maternelle, c’était mon ami. Même lui, dit que les
araignées, c’est dégueu. Il ne veut plus me parler…
les autres l’achalent s’il joue avec moi. Personne
ne m’aime, on me trouve fou.
(Jérémy pleure abondamment)
Pab : Est-ce que Jonathan te trouve fou ?
Jérémy : Pas vraiment. Mais il ne peut pas
me le dire. Il ne peut se tenir avec moi parce que
les autres vont le rejeter aussi.
Pab : Si je comprends bien, tu es beaucoup
rejeté à l’école. Cela dure depuis la maternelle… ?
Jérémy : Non… Plus cette année. Ça avait
commencé l’année passée, mais j’avais encore mon
ami.
(Silence)
Jérémy : C’est peut-être la faute de mes
niaiseries… J’sais pas… Mais vouloir devenir
vétérinaire, c’est correct. Mes parents m’ont dit
que je peux être vétérinaire de tous les animaux.
Ils disent de ne plus parler des araignées…
Pab : Et toi, tu continues de parler des
araignées ?
Jérémy : Oui.
(Grand silence et sanglots)
Pab : Jérémy… Prends ton temps, je vais te
poser plein de questions. Tu n’es pas obligé de me
répondre. Juste me faire signe si ce que je dis fait
du sens pour toi et si ton cœur ressent quelque
chose.
- Si tu ne parlais plus des araignées, tu
aurais le sentiment de les abandonner ?
- … que les araignées resteraient toutes
seules avec leurs problèmes, sans personne ?
- … que toi, ça te ferait trop de peine que
personne ne vienne à leur secours ?
- … qu’elles se sentiraient rejetées comme
toi… sans personne pour les comprendre ?
- … que toi, en ce moment, tu as bien besoin
que les adultes comprennent pourquoi le petit
garçon de 8 ans veut tellement s’occuper des
araignées.
À toutes ces questions, dont le but est de faire
verbaliser Jérémy sur sa propre peine, sa blessure
de rejet, il répond dans l’affirmative. Du coup, je
sais que Jérémy découvre, en même temps que moi et
ses parents, que la douleur qu’il attribue aux
araignées est en réalité la sienne.
Plus la conversation avance, plus Jérémy et les
adultes autour mesurent combien, malheureux, il est,
de ce rejet collectif et de la perte de son grand
ami Jonathan.
Nous découvrons tous combien ce petit garçon avait
lancé, à sa manière, des S.O.S. à plusieurs
reprises… Qu’au-delà du mot, il y avait beaucoup à
comprendre et à guérir.
- »» Jérémy et ses changements depuis ce jour
- Ce jour-là, le Petit Plus reçu par
Jérémy, celui d’être accueilli et validé par nous,
les adultes autour de lui, a eu un effet
d’ouverture. Le fait de comprendre sa peine à
travers celle des araignées l’a beaucoup apaisé. Il
était heureux d’entendre que sa façon symbolique de
nous dire sa peine, nous la trouvions géniale.
Fort de cette ouverture, il nous a été possible de :
- lui donner un espace pour exprimer ses
rêves, ses désirs, ses espoirs;
- l’aider à mettre des mots sur ses peines;
- l’aider à comprendre l’impact des mots sur
certaines personnes;
- visiter son histoire depuis sa maternelle,
autant ses réussites que ses moments douloureux
(afin qu’il se voit et s’estime);
- l’orienter à agir sur ses peines et à
s’affirmer autrement que par la crise.
»» Jérémy aujourd’hui
- Aujourd’hui, Jérémy veut toujours
devenir vétérinaire. Il n’a pas perdu son rêve de
créer… et de rendre possible les choses. Il cherche
encore des moyens pour examiner les pattes des
araignées… Maintenant, lorsqu’il parle des
araignées, il le fait en riant.
Place à notre compréhension de Jérémy
- »» Quoi comprendre de son langage ?
- La façon que Jérémy a trouvée pour nous
dire sa peine est tout à fait géniale. L’araignée
est un symbole. Il est l’animal dont personne ne se
soucie, mal aimé. Quand Jérémy nous parle du petit
animal blessé, il nous parle de lui. C’est un S.O.S.
Jérémy veut apporter aux araignées ce qu’il souhaite
recevoir de nous et de ses amis, i.e. une
compréhension, de l’amour, le droit d’avoir une
place comme tous les autres… enfants.
- »» Quoi comprendre de ses crises ?
- Rappelons-nous que la douleur que Jérémy
nomme est qu’il se sent fou et pas aimé. En d’autres
termes, pas compris et pas entendu.
Comprenons que, s’il avait uniquement dit « je
veux devenir vétérinaire », il y a des chances qu’il
ait été accueilli. Le fait qu’il y ajoute « … des
araignées » et qu’il le répète abondamment a
suscité, à plusieurs reprises, discussions,
argumentations, ricanements et finalement le plus
grand des rejets, celui de son meilleur ami. Il faut
comprendre que plus sa douleur grandit, plus il
tient à son idée et plus il risque d’amplifier son
discours, celui de sauver les araignées.
Considérons aussi le style relationnel sensible de
Jérémy.
- »» Quoi comprendre de son style relationnel Unique ?
- Le style relationnel Unique de Jérémy
est celui du
SENSIBLE.
Voici quelques points importants propres à son style
et qui nous font comprendre davantage son idéal, ses
désirs, ses besoins de liens et ses réactions.
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- Sa grande
qualité : le cœur généreux.
- Son besoin :
la compréhension et l’accueil des autres
- Sa grande
peine : le rejet.
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